jeudi 17 décembre 2009

Tonique

On rentre et c’est une usine. L’engrenage des divans, leurs cliquetis mais aussi les morceaux d’art dans un rythme binaire. Cet appartement, c’est une usine à verser, le rhizome des bouteilles vides, quelques fois les verrines des jours de blé. Toujours dans cette rengaine du ras bord, le plancher n’est jamais assez sourd aux escales du soir pour les voyageurs de la soif.

Entre deux gorgées, c’est l’usine des canevas, la poésie placardée très tard dans la durée des ampoules. C’est la lueur de l’usine qui nous attire, nous autres, des marcheurs d’insomnie décalqués par les problèmes de pénombre. Cette usine fluorescente, c’est une île pour les poètes, le phare du paradoxe quand on s’essaye au côté clair-obscur de la toile.

À la pulsation des lampées, on visite une usine de musique battue, des accords de boisson comme les basses fréquences de la quinine. Seulement lorsque bien accoté, lorsque la guitare gronde ses nuits blanches, on s’arrange pour que ça lui fasse mal et qu’elle pleure la partition overdrive. Parce que dans l’usine, la fanfare circule les yeux fermés et le chef d’orchestre, il est absent pour parler.

Et pendant qu’un genévrier pousse dans le minuscule frigidaire, cette usine se réclame de l’agréable distillation des ouvriers.

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